JOURDAN Émile

 

Émile Jourdan est né le 29 octobre 1914 à Chamborigaud, (Gard) petite localité du bassin minier d’Alès. Son grand père paternel ainsi que son père étaient cordonniers. Le second, mutilé de guerre, devint receveur buraliste. Sa mère, issue d’une famille de treize enfants, fille d’un ouvrier agricole, était ouvrière de filature. Le père d’Émile Jourdan adhère au Parti communiste dès 1920, et sera conseiller municipal de Chamborigaud, entre les deux guerres avant de devenir à la Libération, président du comité local de Libération de Florent-sur- Auzonnet, autre localité minière.

 

Émile Jourdan suit l’école primaire et poursuit jusqu’au brevet sa scolarité au cours complémentaire du Martinet. Il est ensuite embauché à la mine, d’abord en surface puis au fond. En 1929, il adhère aux jeunesses communistes, et devient secrétaire de « rayon » puis, en 1935, au Parti communiste. Durant l’Occupation, il participe à la grève des mineurs de 1941.En 1942, victime d’un grave accident dans la mine, il a les deux jambes fracturées et doit marcher plusieurs années avec des béquilles. A la Libération, il est désigné comme secrétaire de la section locale du P.C.F du Martinet et est élu membre du comité fédéral du Gard du P.C.F. A l’occasion des élections municipales de 1945, il est également élu conseiller municipal de Saint-Florent, localité dont il devient ensuite premier adjoint.

 

En 1946, il quitte la région minière, avec son épouse Monique et son fils Alain, pour Nîmes où il devient secrétaire à l’organisation de la Fédération. Néanmoins, il conserve des attaches dans le Nord du département car le 14 octobre 1951, il est élu conseiller général pour le canton de Saint-Ambroix. Il est alors, à 37 ans, le benjamin de l’assemblée départementale. Il n’est pas réélu en avril 1958. Toujours en 1951, il est désigné comme premier secrétaire de la Fédération du Gard du P.C.F. Il le demeure jusqu’à son élection comme maire de Nîmes en 1965. Entre temps, il est aussi suppléant de Roger Roucaute élu député de la 3ème circonscription du Gard en 1962.

 

Émile Jourdan, jusqu’ici peu connu des Nîmois, acquiert une notoriété beaucoup plus grande lors qu’en 1965, il est élu maire de Nîmes à la suite de la victoire d’une liste de gauche (P.C.F, socialistes dissidents, PSU) dans le cadre d’une triangulaire. Il s’impose peu à peu par son efficacité, sa simplicité, sa modestie, sa courtoisie à l’égard de ses adversaires politiques. La municipalité qu’il dirige réalise une œuvre importante pour répondre aux besoins les plus essentiels (équipements scolaires, sportifs et culturels) de la ville, alors en plein développement. Il est réélu maire cette fois dans le cadre de duels, toujours serrés, en 1971 et 1977 face à divers candidats de droite. Dans la même période, en septembre 1967, il revient au conseil général comme élu du 1er canton de Nîmes (contre un candidat socialiste Brugueirolle). La politique d’union de la gauche qu’il a soutenue, lui permet d’être élu à une courte majorité, député de la première circonscription du Gard (Nîmes - Saint-Mamert) en mars 1973, contre Jean Claude Servan Schreiber (30 782 voix contre 30 508). Il abandonne alors son siège de conseiller général occupé par un autre membre du P.C.F., M.Fayet. Il est réélu député, dans la même circonscription, dans des conditions un peu plus favorables en 1978 et très facilement en 1981 (57,53 % des voix).

 

En 1983, lors des élections municipales, à la suite de dissensions internes à la gauche, il est battu de quelques centaines de voix par le PDG de Cacharel, Jean Bousquet et en 1986, dans le cadre d’un recul général de la gauche, il perd son siège de député au profit du maire de Nîmes. Il reste cependant populaire parmi les Nîmois et en octobre 1988, il est à nouveau élu conseiller général du deuxième canton de Nîmes contre Gilbert Raynal (CDS) et sera réélu en 1994. Il est alors doyen de l’assemblée départementale. Affaibli par l’âge, il meurt le 30 août 1999 à l’âge de 84 ans. Sa mort suscite une grande émotion à Nîmes. La valeur de l’homme et de l’élu est alors unanimement reconnue. Émile Jourdan a incarné dans le Gard un type de militant communiste ; issu du monde ouvrier, toujours attentif aux besoins populaires, imperméable à toute démagogie et à toute personnalisation du pouvoir. Par son action, il a donné toute sa dignité à la fonction d’élu politique.

 

Sources :

Notes biographiques d’E. Jourdan, Le Midi libre, 31 août 1999. Pierre Bosc, Les Notables en questions, Presses du Languedoc, 1977, p.213-228. 70 ans de communisme gardois 1920-1990. Documents et témoignages, Nîmes, 1990, notamment p. 24-25.

 

Raymond Huard