Aimé Huc était le fils de Paul Huc, tourneur (31 ans)
et de Marie-Catherine Donès, ménagère (21 ans).
Il s’était marié à Paris (VIIIe) le 19
avril 1952 avec Denise Morel. À la fin des années 1930,
Aimé Huc adhéra aux jeunesses socialistes SFIO, animant
dans l’Aude le mouvement des Faucons Rouges. Comme la plupart
des dirigeants socialistes audois, Aimé Huc était instituteur.
Franc-maçon, il avait été initié à
la Libre Pensée, loge GODF de Narbonne. À la Libération,
Aimé Huc et Georges Guille* se heurtèrent à l’homme
fort de la fédération SFIO de l’Aude avant guerre
à Eugène Montel*, proche de Léon Blum*, qui s’était
implanté à Narbonne en 1929.
Orateur très charismatique, Aimé Huc fut élu
à 34 ans conseiller général SFIO de Narbonne
le 30 septembre 1945 dès le 1er tour. En novembre 1945, il
prit la succession de Léon Blum en tant que directeur de La
République sociale, hebdomadaire de la section de Narbonne
puis de la fédération SFIO de l’Aude. Militant
très actif de la fédération de l’Aude,
menée notamment par Georges Guille parlementaire entre 1945
et 1973, Aimé Huc était également 1er adjoint
de Louis Madaule*, maire SFIO de Narbonne entre 1948 et 1959. Il fut
réélu conseiller général en 1951.
En janvier 1956, Aimé Huc alla porter la contradiction à
Pierre Poujade, venu soutenir la liste UDCA dans l’Aude, qui
obtint un élu, Adrien Salvetat, pharmacien de Narbonne. Opposant
à la ligne majoritaire de la fédération socialiste
SFIO, il contestait localement les positions de Georges Guille, secrétaire
fédéral mais aussi secrétaire d’État
du gouvernement Guy Mollet. Lors du congrès fédéral
du 13 juin 1957, il soutenait la motion Depreux-Mayer, favorable à
des négociations immédiates en Algérie (39 voix
sur 285 dans l’Aude). Socialiste minoritaire, en rébellion
ouverte contre la direction de la SFIO, Aimé Huc participa
à la scission du PSA, puis du PSU, dont l’emprise restait
faible dans l’Aude.
Aimé Huc porta des accusations contre Louis Madaule, entrepreneur
d’électricité, concernant les conditions dans
lesquelles cet entrepreneur d’électricité a effectué
des fournitures de travaux à la ville. En février 1958,
« l’affaire Huc » se termina par l’exclusion
prononcée par la commission des conflits, après une
période de vives turbulences internes pour les socialistes
dans l’Aude.
Les 20-27 avril 1958, Aimé Huc l’emporta sous l’étiquette
socialiste dissident face à Emile Roux* (SFIO), maire de Narbonne
(1947-1948) et sénateur entre 1948 et 1959. Il entamait ainsi
un 3e mandat de conseiller général, restant le seul
élu PSU de l’Aude. En novembre 1958, Aimé Huc
fut candidat UFD aux législatives dans la 2e circonscription
de l’Aude, tandis que le PCF présentait Yvonne Cerny*,
les radicaux-socialistes M. Bourdin et la droite Pierre Granger. Au
second tour, le retrait de Aimé Huc favorisa la victoire de
Francis Vals*, député entre 1951 et 1974, avec 43.6
% des voix. Il conduisait également la liste UFD aux municipales
à Narbonne, qui fusionna au second tour avec la liste du PCF,
sans avoir aucun élu. En novembre 1962, Aimé Huc se
présenta à nouveau aux élections législatives
à Narbonne, avec Jacques Vidal (instituteur), comme candidat
suppléant. Le tandem PSU obtint 3 338 voix soit 8.06 % des
suffrages exprimés, nettement distancé par Francis Vals
(20 238 voix, 48.9 % des voix), qui l’emporta facilement au
second tour avec 75.3 % des voix. En 1964, il ne se présenta
pas lors du renouvellement cantonal, ne figurant pas non plus sur
la liste PCF-PSU aux municipales de mars 1965.
Dès lors, il se retira dans son domaine au Nord du Narbonnais
(plateau de Quartourze ou Quatourze situé dans le très
vaste territoire communal de Narbonne), se consacrant à des
activités agricoles (viticulture et élevage des moutons).
Il se présenta à nouveau en septembre 1973 dans le nouveau
canton de Narbonne-Sud, sous l’étiquette « Rassemblement
socialiste ». En mars 1983, il conduisait une liste intitulée
« Solidarité et Démocratie », 3e liste verte
pour l’avenir de Narbonne, sur laquelle figurait un ancien conseiller
général RPF de la Seine (Henri Sicre).
Après son décès dans sa propriété
agricole, dans le numéro du 12 octobre 1987 du Midi Libre,
la rubrique nécrologique qui lui était consacrée
notait que « c’était un redoutable polémiste,
qui n’a pas eu la belle carrière politique qui lui semblait
promise ».
SOURCES
: Arch. Marc Heurgon, dossiers Aude. — Arch. Mun. De Narbonne.
— Le Monde (1958, 1962). — Jean Lenoble, Le Parti
Socialiste dans l’Aude, tomes 1 et 2, 2005-2007. —
Fabien Conord, Les Rets de la modernité, la gauche non-communiste
dans les campagnes françaises de la Libération aux années
1970, thèse, Université de Clermont-Ferrand, 2007.
— Tudi Kernalegenn, François Prigent, Gilles Richard,
Jacqueline Sainclivier (dir.), Le PSU vu d’en bas. Réseaux
sociaux, mouvement politique, laboratoire d’idées (années
50 – années 80), Rennes, Presses Universitaires
de Rennes, 2009, 343 pages. — Paul Tirand, Loges et francs-maçons
audois (1757-1946), Cercle culturel et philosophique de Carcassonne,
2002, 248 pages.
Jean LENOBLE, François PRIGENT, Paul TIRAND