Né le 6 septembre 1880 à Montauriol (Pyrénées-Orientales), décédé sûrement à
Perpignan à une date inconnue[1],
maçon anarchiste, syndicaliste, secrétaire de la Bourse du travail de
Perpignan en 1910, antimilitariste, membre fondateur de la section
perpignanaise de l’AIA « Germinal » et combattant de 1914-18. François
Joseph Jean Doutres est né le 6 septembre 1880 à Montauriol (PO) de Doutres
Sauveur né en 1855, cultivateur et de Trilles Angélique née en 1856, sans
profession. Il a effectué son service militaire dans le 3e
régiment de tirailleurs algériens à partir du 25 novembre 1901. Il est
réformé à Bône (Algérie) le 6 décembre 1902 pour « tuberculose
pulmonaire ». Sa fiche matricule nous indique qu’il a un niveau
d’instruction primaire. Maçon
célibataire en 1909, il est considéré par la police comme
« révolutionnaire et libertaire, [au] caractère exalté et
violent ». Il est un des 12 membres fondateurs de la section
antimilitariste de Perpignan, « Germinal ». À la suite
d’une conférence à Perpignan de Gustave Hervé* sur l’idée de patrie le 21
mars 1909, les membres fondateurs
(Basset Joseph, terrassier ; Doutres, François,
maçon ; Escudier* Boniface, maire de Canohés ; Fourcou Joseph, homme de peine ; Fourcou
Sauveur, chevrier ; Prat François, ouvrier agricole ; Roca Emmanuel,
serrurier ; Rousset Jacques, comptable ; Seignolles
Louis, aide-pharmacien ; Sola, François, hôtelier ; Vassail
Joseph, peintre ; Vassail* Michel, vendeur de
journaux) se réunissent le 24 avril 1909 dans la salle réservée du café Grando à Perpignan.
« Le 1er juin 1909, la section de Perpignan de l’Association
Internationale Antimilitariste comptait exactement quatre-vingt quatre
membres. » François Doutres est dès le départ secrétaire adjoint de la section antimilitariste de Perpignan.
Dans Le Socialiste de
Pyrénées-Orientales du 6 août 1909, c’est lui qui convoque la section « Germinal ». Le 7 août, Michel Vassail, critiqué
par les anarchistes illégalistes, démissionne de son poste de secrétaire
général de la section. Il est remplacé par Francois Doutres « qui n’est pour ainsi dire que la doublure
de Vassail dont il reçoit les inspirations », selon
la police. Un dernier rapport policier, le 25 octobre 1909, semble
indiquer que la crise interne est terminée, puisque Vassail
a repris son poste de secrétaire général du bureau de la section
perpignanaise de l’AIA, Doutres redevenant
secrétaire-adjoint. Cet échange de poste entre Vassail et Doutres se retrouve
sur le plan syndical : en 1910, le secrétaire de la Bourse du travail de
Perpignan est François Doutres et en 1911, Michel Vassail. Vassail, est
secrétaire du syndicat des maçons le 24 mai 1911 (article de La Bataille Sociale). En septembre 1911, François Doutres est responsable du syndicat des maçons. C’est
surtout ce syndicat des maçons, terrassiers, aides-maçons et similaires qui
fait de la propagande antimilitariste et révolutionnaire, soit en allant
faire des conférences dans les villages, au sein des syndicats agricoles,
soit, en envoyant de l’argent au Comité de défense sociale de Paris.
D’ailleurs presque tous les membres de ce syndicat font partie de la section
antimilitariste de Perpignan « Germinal » selon la police. François Doutres n’est pas inscrit au carnet B départemental,
contrairement à Michel Vassail. Au début de la guerre, il est le correspondant
des insoumis anarchistes d’Ille réfugiés dès août 1914 à Figueres
(Espagne). Une lettre de Miquel Vidalou* « au
camarade Doutre [sic] » est arrêtée par le
contrôle postal en février 1915. Pourtant, lui-même va combattre :
François Doutres a été déclaré bon pour le service
armé par le conseil de révision de Perpignan le 17 décembre 1914. Fin
février, il est affecté au 2e régiment du génie. Le 31 août 1915,
il est classé service auxiliaire et maintenu à son corps. Le 30 janvier 1916,
il est affecté au 13e escadron du train. Démobilisé le 10 mars
1919, il revient à Perpignan. Il ne semble plus avoir d’activités ni
syndicales, ni politiques. Sources : La Bataille sociale,
organe des socialistes révolutionnaires des Pyrénées-Orientales, Le Socialiste de Pyrénées-Orientales, La Voix du Peuple ; ADPO 1 M 588, 2 J 37, 1
M 782, 1 M 618 ; état civil de Montauriol :
acte de naissance n° 19/1880, 9 NUM 2E1890 ; Registres matricules des
P.O. 13 NUM 1 R 450, fiche matricule n° 338 de la classe 1900.
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[1] Le registre de naissance conservé
aux archives départementales ne porte aucune mention marginale et le registre
conservé à Montauriol a été détruit dans un incendie en 2008.